Descriptif
L’enfant se révèle conservateur dans le domaine alimentaire : il manifeste de puissants rejets envers les produits qui lui sont inconnus. Cependant, afin de satisfaire sa condition d’omnivore, il va devoir diversifier son alimentation. Ainsi, l’enfant, bien que conservateur, est-il progressivement conduit à accepter la nouveauté.
L’objectif de notre intervention est d’exposer les mécanismes psychologiques qui permettent l’acceptation de la nouveauté dans le domaine alimentaire enfantin. Cet objectif nous conduira à développer deux notions fondamentales en psychologie du goût : celle de « néophobie », puis celle de « familiarisation ».
La néophobie alimentaire qualifie cette peur de consommer des aliments inconnus qui caractérise les espèces omnivores. Nous présenterons des données qui attestent que la néophobie est une période normale du développement du petit de l’homme. Cependant, nous ne disposons pas à l’heure actuelle d’études scientifiques définitives qui permettraient de comprendre pourquoi la néophobie s’avère particulièrement intense chez l’enfant âgé de 2 à 7 ans, ni pourquoi elle s’exprime de façon plus ou moins marquée selon les individus.
Une majorité d’observations suggèrent que la familiarisation permette de dépasser la réponse néophobique initiale : l’aliment au départ inconnu et rejeté devient plus apprécié après un certain nombre de consommations (Positif Exposure Effects, Zajonc). Pour rendre compte de cette augmentation du plaisir en cours de familiarisation, différents types ont été évoqués : sensoriels (Mere Exposure, Zajonc) ; cognitifs (Appropriation, Rigal) ; par conditionnement (Learned Safety, Rozin : Learned Satiety, Birch). Nous développerons les positions théoriques de ces auteurs, puis montrerons que certains éléments du contexte de consommation (physique, social et affectif) favorisent la mise en place d’effets positifs de la consommation répétée sur la préférence.