Descriptif
Il n'y a pas si longtemps, à peine plus de deux décennies, le chapitre des troubles des conduites alimentaires se limitait à l'anorexie mentale. Cette affection avait trouvé droit de cité dans l'éventail de la pathologie depuis Lasègue et Gull à la fin du siècle dernier (1874). Depuis lors elle apparaissait plus comme une curiosité clinique que comme un problème de santé mentale. Affection aussi susceptible de fasciner ceux qui s'en occupaient que de les irriter, mais qui, à partir du moment où elle ne pouvait être ramené à une pathologie endocrinologique ou digestive précise, apparaissait plus comme un caprice que comme une pathologie vraie.
Puis l'optique changea dans les années 60 avec les premières études sur le devenir allant au-delà des quelques mois suivant la reprise du poids. Elles montreront la gravité potentielle du trouble : mortalité (près de 10 %), chronicisation (de l'ordre de 20%), développement d'une pathologie psychiatrique diverse, suffisamment invalidante pour les gérer dans la qualité de leur insertion affective, sociale et professionnelle (près de 50 % Jeammet et coll.)(6). Parallèlement les premières études épidémiologiques montraient qui 1 à 2 % des adolescentes étaient concernées et que ce chiffre semblait en croissance rapide.
Mais tandis que s’affinaient nos connaissances sur la fréquence réelle et la nature de l'anorexie mentale, on assistait dans les années 70 et plus encore 80 à une véritable explosion de l'image en miroir de l'anorexie : la boulimie. Certes, celle-ci était deja connue : Lasegue (9) avec sa description du "faux appétit impérieux" en lien avec l'anorexie, mais surtout Janet (8) puis Wulff pour les psychanalystes. Mais ce qui allait vite fasciner les auteurs c'était non seulement son lien avec l'anorexie (B. Brusset, P..Jeammet)(2), mais son existence comme entité propre et sa fréquence beaucoup, plus grande que celle de l'anorexie, au point qu'on a pu parler d’épidémie.
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